Le Crabe & Optimis GFN - EP - Bruits de Fond 25 (2018)

A chaque époque son noiserap. Des origines afro-américaines – Schoolly-D, World Class Wreckin' Cru, Public Enemy, NWA – à l ’indus cross over – Beatnigs & Disposable Heroes Of Hiphoprisy, Meat Beat Manifesto – puis aux déclinaisons electro/core – Funkstörung d’un côté du spectre, Fever de l’autre – pour engendrer depuis une petite dizaine d’année une génération hybride à l’appétit féroce. Les mestimés Food For Animals & B L A C K I E, les surestimés Death Grips, nos préférés Clipping & Moodie Black… Les darons de Dälek, évidemment. Et puis les new brutalists, ceux dont les premières éruptions sonores en ligne, sur bande k7, plus rarement sur vinyle, provoquent un coup de sang immédiat.  

 

Le Crabe en fait partie. Enfin, est-ce vraiment un nouveau venu ? Un temps hurleur chez les crusty de Chiens, le garçon a baroudé de bastions punk en fiestas break, de Nancy à Nantes via Bruxelles. Et, avec Le Crabe et son alter ego malsain Cancer, il développe ses virulentes métastases depuis quinze ans et on ne compte plus ses attentats scéniques. Autant dire que cette généalogie fort incomplète en matière de beat making super sonique n’est pas du genre à le handicaper.  Pas froid au controller, le crustacé.

Parmi les rencontres qui comptent, celle du « Fresh prince of Berlin », comme aime à s’autoproclamer l’américain un temps résidant européen Optimis GFN – ou GoldHolyWater, ou encore Le Chocoprince des Ténèbres ( !) selon les occasions – a déjà donné lieu à quelques shows éclairs autant qu’épiques, dont plusieurs dates françaises au printemps et à l’automne 2018,  et surtout à un premier EP aussi bref que décisif. 4 titres sur wax, 3 bonus digitaux. Autour, une dizaine de labels & assos, porte-monnaie ouvert et poing en l’air pour porter ce nouveau brûlot sous la presse à vinyle puis dans leur distro. Dans le lot, La Manufacture des Bruits de Fond n’aura pas manqué l’appel.

Sur une face et moins d’un quart d’heure, Le Crabe & son MC jouent sur la tension, comme de juste. Des basses lourdes comme un cheval mort – écoutez et vous comprendrez – et des breaks qui fouettent. Des zébrures parcourant le sillon, craquelant le vinyle noir comme un orage grondant alentour. L’américain et son invité K-The-I??? adoptent un flow faussement détaché.  Ça n’éclatera pas cette fois.  Mais ça démange d’en découdre. On se dresse. C’est physique. C’est trop court. On rejoue la plaque. Encore. Le Crabe nous apprend la patience. Un album verra-t-il le jour ? En attendant, on plonge de nouveau le diamant dans ce puits d’électricité statistique. Avec déjà la certitude qu’une nouvelle page du noiserap est en cours d’écriture. Disponible chez nous, par-dessus-tout. Dépêchez-vous !

 

 

Tracklisting :

2-Tetsuo headaches (featuring K-The-!???)

5-The amazing grace (featuring G'SkyAkira - prod by Optimis GFN)

Beats by Le Crabe

Lyrics by Optimis GFN
Recorded at the Fresh Prince Of Berlin House

 Cover art by Kazy Usclef

Digital edition :
Released as Ccrecordz ‎07 in october 2017
Mastered by Stazma the Junglechrist

Vinyl edition :
Mastered and cut by Angström Mastering

Pressed at RPM

Labels :
Bruits de Fond / Hirntrust Grind Media / Urgence Disk / BRK/ Et Mon Cul C'est Du Tofu ? / Amertume Records / I Feel Good Records / Sweatlodge Sound system

 

 

 

Vidéo :

 

 

 

Discographie :

https://www.discogs.com/artist/997159-Le-Crabe

 

 

 

Chroniques / reviews :

 Le beatmaker nantais Le Crabe est allé chercher OptimisGFN, l’emcee ricain habitué au hip-hop teinté d’EDM, pour faire un tour du côté de contrées ouvertement breakcore expérimentales. Les deux ont accouché d’une tuerie faite de piqûres dans les tympans et de mélodies. Les beats proposés par Le Crabe sont sans rémission, sans compromission et l’accord est parfait avec le flow d’OptimisGFN. Au menu : une boulimie de bruits et d’agressions sonores (Tetsuo Headaches avec k-the-i ???), des morceaux découpés au chalumeau (le putain de break sur S.A.H.D.), des compositions génialement boiteuses et effroyablement infrasonores (Majin Buu) et des rythmes industriellement martiaux (ONYX HEART). Expérimental, audacieux, radical ou juste un vaste défouloir, vous en penserez ce que vous en voulez, mais quel kif !

Spoutnik - Indie Rock Mag

 

 

(Yann Dub Memoriam)