Aphasia - « Oxymoron » - Bruits de Fond 13 (2008)
Après la faillite d'Uwe, artistique puis économique, Aphasia a mis du temps. Pour mieux revenir, en l'occurence, chez nous. Retour par la petite porte ? Qu'importe, celle-ci a tôt fait de céder sous ses coups de boutoir.
Fidèle à la réputation acquise sur scène aussi bien que sur sillon, son nouvel E.P. renoue avec la vigueur et la précision qui avait fait la qualité de « Aracheend » en 2003. Et refuse le statu quo. Quatre tracks ? Quatre propositions différentes pour ne pas dire quatre directions. En fait d'oxymoron, c'est surtout de diversité cohérente dont il est question. A l'image des influences du garçon. Il ne les cache d'ailleurs pas, recourant à l'échantillonnage avec détermination, fidèle à son « école techno », fidèle aussi à l'esthétique industrielle dont il a tant appris.
Résumé. « Xbrain static fog » pour commencer. Et une idée : le heavy metal par excellence, c'est le plomb. Aussi massif que direct. Un uppercut et puis s'en va. « Feed my ego », juste derrière. Tradition electrocore cette fois, entre machinerie fracassante et haute technologie. Des rythmiques découpées au laser et des basses pneumatiques au milieu d'un savant bruitisme biomécanique. Avec au passage, un clin d'oeil appuyé aux « Nouvelles constructions prêtes à s'effondrer » et à leur sens de l'éclat comme de la dynamique.
Face B. « Anth ov noiz III » fait des étincelles. Et tire ses salves de hardbeat comme on manie l'art de la pyrotechnie - un autre centre d'intérêt d'Aphasia. Ne se contentant pas de pilonner le dancefloor, mais jouant sur l'effet d'attente comme les faux départs. Préférant en quelque sorte la magie du commencement au bouquet final obligé. « Engel » suit en guise de conclusion provisoire. On savait Aphasia puissant, le voici émouvant, avec cette nappe tout droit venue de la « Planet Rome » - fin de siècle, la grande époque décadente. Sobre et lumineuse, elle semble dériver au gré des pulsations remontant des profondeurs de la gravure. En ouverture de sélection, sous le signe du frisson, prête pour la démesure ; ou pour éteindre un incendie de fin de soirée. Dans les deux cas, une pièce à mixer avec intensité.
Aphasia de retour, donc. Des projets pleins les synthés, à commencer par sa nouvelle incarnation, « Revolutions Per Minute », actuellement en cours de maturation / mutation. Et une concrétisation prévue sous la forme d'une double plaque de vinyle courant 2010. Et puis des concerts. Du bruit, encore du bruit. A suivre ici.
Tracklisting :
A2-Feed my ego
B2-Engel
Pressage : MPO
Artwork : MoA
Discographie :
http://www.discogs.com/artist/Aphasia