Revolutions Per Minute - s/t - Résistance des Matériaux 01 (2010)

dans Résistance des Matériaux

Exit Aphasia. Comme une page qui se tourne. L'envie d'assumer pleinement son goût pour les extrêmes. Expérimenter après avoir longtemps fait danser. Nous fait-il le coup de la maturité ? Clairement oui.

 

revolutions per minute rectoEn complète autoprod pour la nouvelle sous-division des Bruits de Fond, Résistance des Matériaux, le projet Revolutions Per Minute est aussi un travail artistique autonome. Un artwork deluxe, et surtout maison. Coté son, pas de sampling, mais la bonne vieille méthode acousmatique consistant à faire sonner la ferraille comme un objet de synthèse et inversement. Pas d'amen break en série mais des rythmiques écartelées, déchiquetées « à la main ». Aucun motif mélodique, enfin, au profit d'une anti-musique carnassière puisant sa force dans les racines de l'industriel, de l'électroacoustique et du hardcore. Eprouvant, forcément, Revolutions Per Minute ne vous donne l'occasion de respirer que le temps de changer de face. Comme une plongée en apnée dans un triangle noir dont les sommets seraient SPK, Parmegiani et Xanopticon. Le concept vous paraît-il improbable ? Prétentieux, même ? Normal. Il l'est. Effrontément.

 

 

 

 

Tracklisting :

A1- « Tableau d'une exposition »

A2- « Multiphonics »

A3- « Spectral grain »

B1- « Anti music # »

B2- « Anti music ## »

B3- « Contre » (feat. Djamal)

C1- « Collapsing »

C2- « Behind the bridge »

C3- « Sub natural »

D1- « Futurismo »

D2- « Melograin »

D3- « Cauchemar »

 

 

revolutions_per_minute_verso.jpg

All traxx :
Jean Ferraille @ Pavillon Vendôme

Tirage : 300

Publication : novembre 2010

Mastering + cut :
YannDub @ Reverse Studio

Artwork : MoA

 

 

 

Discographie sélective :

> « Aphasia » E.P. - Bloc46 EP 001 (1998)

> « split with Yann Dub » - Astropolis / CCM (1998)

> « 1981 » E.P. - Bloc46 EP 003 (1999)

> « Brain Patch error » - Bloc46 LP 001 (2001)

> « Kronik 2 the galaxy » - Bloc46 EP 008 (2001)

> « Deadtrax » - Bruits de Fond 01 (2002)

> « The remixes » - Bloc46 EP 012 (2002)

> « Aracheend » - Bloc46 LP 002 (2003)

> avec Palindrome : « Rions noir » - Bloc46 LP 006 (2003)

> avec Palindrome : « Lame de fond » - Bloc46 EP 014 (2003)

> avec Torgull : « Emit Lava » (unreleased)

> « Deadtrax vol.2 » - Bruits de Fond 08 (2005)

> « Oxymoron » - Bruits de Fond 13 (2008)

> « Manifeste à son(s) » - Résistance des Matériaux 02 (2012)

> à la production : Mistress Bomb H « 9 pictures » - Bruits de Fond 19 (2011)

 

 

 

Discographie complète :

http://www.discogs.com/artist/Aphasia

 

 

 

Liens :

https://jeanferraille.bandcamp.com/

http://fr-fr.facebook.com/people/Jean-Ferraille/100002066447411

 

 

 

pochette inside

 

 

 

Chroniques / reviews :

After I penned a few lines about the return of the long lost cut-up artist Aphasia, I read the press text for this double LP and realized we are talking different Aphasia's here. This one is from France, and started out in 1997, playing 'energetic hardcore beats', with one sampler and one synth. These days Aphasia goes by his real name Nicolas Leal, according to the press text, but on the cover it says 'all traxx by Jean Ferraille'. The music is not made with samplers we are told but in the 'old acousmatic process' and the result is quite noise based. The hardcore gabber element of before is gone, but the music is still quite loud. Lots of metal percussion is banged around here, with some ways to process the sound, through electronics, but also tape-manipulation. I am not sure if all the sounds are played by Leal, as the opening piece 'Tableau D'Une Exposition' sounds like a cut-up version of 'Compulsion', Test Department's first 12". Test Dept, Neubauten or SPK - to mention the three best known metal bashers - are all a major influence here, and all from their most experimental phases. Forget any of their disco music, take their roots and explore those again, that is what Leal does. He also probably had Merzbow's 'SCUM' 2LP in mind when he started to cut those tape up. Although I am not sure if four sides is really necessary, this is quite good. A fine line between hardcore rhythm (without any real consecutive beats), musique concrete montage techniques and industrial noise. Certainly one that leaves no room for a single breath of air (maybe that's why four sides isn't such a good idea?). Leal does a great job at producing some utterly tiring music - the pleasure of being tired when its finished.

Frans de Waard - http://www.vitalweekly.net

 

Associated with Bruits de Fond, the label that recently released some excellent material by Solar Skeletons amongst other things, this release by Jean Ferraille is a double 12" in a luxurious gatefold sleeve, suggesting sound directly plugged into brain subjected to surgery.
A total of 12 tracks in abrasive ultra-broken-beat fashion with an extremely shrill cut. High frequencies abound leaving a bit more power in the bass range to be desired, but it's definitely a very welcoming outing of aural terror. There are traces of classic breakcore influences, brutal high pitched noise, and cut up splintered beats and noise. If you're bored by the current abundance of conformist beats, this is a good antidote.

Chistoph Fringeli - Datacide

 

Chroniquer un album Noise/Harsh Noise n’est pas chose facile car comment parler d’un disque qui ne produit que des sons saturés, des sifflements aigus, des rythmiques violentes…du bruit?

Quel est l’intérêt d’écouter 12 morceaux qui font mal et dans lesquels aucune recherche « harmonique » n’est faite? Pour moi, l’approche d’un disque du genre est une recherche de sensations auditives extrêmes ou une découverte d’autres paysages sonores. Prendre un album noise tel quel, sans idées préconçues, est la meilleur façon de l’approcher (J’avoue qu’il faut parfois une paire de boules quies ainsi qu’un niveau sonore raisonnable).

Venons-en à cet album de REVOLUTION PER MINUTE produit par le label Bruits de Fond. Un double LP rangé dans une pochette à l’artwork façon "électro-bouchère". Derrière "RPM" se cache Nicolas Leal aka APHASIA actif depuis le début des années 90 dans les musiques extrêmes style hardcore, breakcore et même métal. Il sort en 98 son premier album sur le label Bloc46 (Label de Manu le Malin). Avec le projet REVOLUTION PER MINUTE, Nicolas Leal veut revenir à la genèse du son: Le bruit. Dans cet album il le triture, le sature, le décortique pour en faire des nappes sonores qui viennent vriller les tympans.

Le premier morceau (« Tableau d’une exposition ») porte bien son nom, il présente en quelques minutes ce à quoi il faut s’attendre tout au long de l’album. Entre saturation du son, « hurlements » de fréquences aiguës, rythmiques violentes et accalmie de courte durée.

La suite, matraquage d’une rythmique martiale dans un amas de saturations (Multiphonics) pour ensuite se balader entre les déflagrations violentes d’un Breakcore Noisy (Special Grain). A certains moments, l’écoute devient presque insoutenable, on a l’impression que le son provient de machines d’usine sur lesquelles on aurait placé des micros de contact en poussant tous les potards du mixage à fond ( Anti-Musique # et ## ….Ces deux morceaux me rappellent un peu la « Symphony of siren » d’Arseny Avraamov), ça disque, ça scie, ça martèle…ça fait mal!

La première partie de l’album se termine sur un discours un peu nihiliste baignant dans une crasse acoustique où l’on parle de chien crevé, de ville indestructible et de néant sur les vivants...("Contre").

Une accalmie le temps de changer de disque et c’est reparti de plus belle dans une explosion noise à l’état pur, une anarchie sonore (« Collapsing »), des voix déformées qui s’entrechoquent jusqu’à finir absorbé par la vibration d’une corde métallique (« Behind The Bridge ») suivie par un bombardement dévastateur sur un champs de carillons (un champs de carillons…quelle idée bizarre)…Destruction, agonie et silence (« Sub Natural ») pour laisser place à des discours incompréhensibles (« Futurismo ») ou des fréquences basses détruisant du verre (« Melograin »).

Le dernier morceau termine l’œuvre comme elle à commencé, dans la douleur auditive, avec une guitare désaccordée supportant la voix d’un chanteur maudit (« Cauchemar »).

Rien de bien joyeux et de mélodique, mais RPM n’est pas un album pour mettre en fond sonore mais une œuvre à écouter en se disant que la sonnerie GSM du voisin dans le train n’est peut être pas si bruyante que ça.

Je terminerai en reprenant la définition de Guy-Marc Hinant (du label Sub Rosa) sur la notion de musique bruitiste « c’est le moment où une composition de bruits atteint une forme d’intensité » (Magazine ACCROCHES avril/mai 2011) et dire que l’œuvre de REVOLUTION PER MINUTE atteint cette intensité!

JC - http://www.a-l-arrache.net

 

Aphasia vous connaissez ? Vraiment ? Vous aimez le break core et tous ces trucs épileptiques ? Et bien il semblerait qu’Aphasia ait quelque peu été mis en stand-by et qu’à la place Nicolas Leal (le vrai nom du monsieur et démiurge en chef) s’investisse dans un nouveau projet du nom de Revolutions Per Minute. Bruits de Fond avait déjà publié un 12’ d’Aphasia en 2008 et le label remet donc ça pour le premier enregistrement de Revolutions Per Minute, sous couvert d’une nouvelle sous-division appelée Resistance Des Matériaux. Et si vous trouvez l’artwork de la pochette beaucoup trop dégueulasse, alors sachez qu’il est pourtant à l’image d’une musique offensive qui s’enfonce dans vos chairs pour ne plus en ressortir ni vous lâcher.
Mais on arrêtera là les comparaisons entre les deux projets car, musicalement, on ne trouve pas tant de points communs entre Aphasia et Revolutions Per Minute : si le premier vous assommait avec des cascades de rythmes ordonnées selon des algorithmes sans cesse renouvelés et des textures sonores piégées en trois dimensions, le second change d’optique et met la pédale douce au niveau du pilonnage systématique et organisé, les orgues de Staline finissent par s’enrailler et à la place monsieur Leal – qui officie également ici sous un autre alias : Jean Ferraille – triture littéralement dans la masse rythmique, malaxe, déchire et explose les sons avec un sadisme bruitiste qui évoque aussi bien les débuts de la musique industrielle que le harsh noise le plus radical.
Anti Music part 1 placé en début de face B ainsi que Collapsing qui ouvre la face C (car oui ce disque est un double 12’ tournant en 45rpm) évoquent presque un SPK – celui de Information Overload Unit et de Leichenschrei – remixé par un Zbigniew Karkowski sous speed.
Bien sûr on retrouve ici certaines obsessions rythmiques plutôt malveillantes mais ce que l’on retiendra surtout d’un titre tel que
Anti Music part 2 c’est ce sifflement aigu aussi perturbant qu’une fraiseuse électrique et dominant des beats lancés à toute vitesse les uns contre les autres et se fracassant dans des gerbes aveuglantes et d’intenses collisions électriques, tout comme Multiphonics met l’accent sur des grincements à la limite de l’intolérable tandis que les pelleteuses digitales ramassent déjà les restes de nos vieux os brisés. On pourra finalement peut être carrément regretter que la disparition totale des rythmiques – même fracassées – n’ait pas lieu dans un processus d’extrusion malade et cannibale mais Revolutions Per Minute s’impose comme un démon tératogène de premier ordre. Les oreilles saignent, la chair souffre et se transforme, un peu comme le personnage principal de Tetsuo mutant en un pantin de metal disloqué.
Pour réaliser ce disque sans titre, Nicolas Leal/Jean Ferraille a très peu fait appel à des samples (on remarquera toutefois quelques voix comme celle de
Contre) pour se concentrer sur des vieilles machines analogiques. Quelle différence me direz-vous ? Et bien, au delà de ces sons qui bouillonnent et qui explosent sans cesse, on apprécie la chaleur – relative – qui s’échappe de ce disque et de son fracas nauséeux. On goûte ainsi davantage aux sons de cloche de Sub Natural ainsi qu’à la totalité d’une face D sur laquelle Revolutions Per Minute semble pour la première fois lever le pied et vouloir nous laisser respirer. La musique n’en est pas moins inquiétante car elle est toujours aussi malsaine, à l’image de ce chant d’allumé que l’on peut entendre sur Cauchemar.

Haz - Heavy Mental

 

Belle initiative à (re)mettre en avant après la participation en multi co-productions du split L'Echelle de Mohs/Solar Skeletons (voir chronique dans notre numéro 85) de ce label breton Bruits de fond, qui nous présente ici sa petite sœur, Résistance des matériaux. Pas sur que vous suiviez là. Bon, mais que peut-il bien se cacher derrière cette pochette gore très Dernier Cri qui ressemble à s'y méprendre à celle du split 45t Unsane/Hint sur Pandemonium, mais en format 33t gatefold, pour que vous vous imaginiez. Allez donc faire vos curieux et votre propre idée. Intéressant de voir la vision de l'expérimentation par les sphères du breakcore. Pour ceux qui connaissent cela me replonge dans les disques Hymen, l'artiste Venetian Snares en tête. Certaines accalmies lorgnent sur Aphex Twin, voire Scorn. Spécialement sur le deuxième disque de ce double maxi (ça tourne en 45t) avec des incursions électroacoustiques bien senties. Alors bien évidemment c'est le breakcore qui l'emporte sur l'ensemble, Et ma vision de la chose va me faire parler de harsh noise. Un esprit Merzbow guette, attaqué et mitraillé de beats ultra saccadés (mention spéciale au titre "collapsing"), issus du hardcore. Jean Ferraille ne veut rien savoir, triture quelques machines analgiques en les noyant dans des spirales violentes surement numériques qui ne laissent pas indifférent. Mais définitivement je ne retiendrai que la dernière face. Pleine de montages de voix, de guitares, de cloches, de débris. Même si le tapis électronique ne m'emballe pas toujours.

Cyrille Lanoë - Revue & Corrigée