Le rock, c'est top !
Il y a précisément deux jours, en fin d'après-midi, je rentrais tranquillement de mon cours de curling en milieu marin quand un ami fait sonner mon téléphone sans fil, pour tout dire, un portable. Enfin, un ami, c'est pour vous...

Le rock, c'est top !

Il y a précisément deux jours, en fin d'après-midi, je rentrais tranquillement de mon cours de curling en milieu marin quand un ami fait sonner mon téléphone sans fil, pour tout dire, un portable. Enfin, un ami, c'est pour vous la faire courte, je devrais plutôt dire une personne qui s'ennuie ferme et qui n'a rien trouvé de mieux que de m'emmerder juste après mes exploits sportifs quasi-quotidiens. Il me demande si je suis intéressé pour l'accompagner à une conférence ayant pour thème la musique et s'intitulant “Le rock, c'est top !”. Comme je suis un peu con mais terriblement lucide, je refuse sèchement. Je peux très bien me dispenser d'entendre débiter des conneries et à vrai dire, je m'en fous un peu de savoir combien de bites a sucé Mick Jagger pour avoir de si grandes mains. Et bien, je peux vous le dire maintenant. Ça a failli me coûter la vie !

En effet, à peine avais-je raccroché au nez de mon ami le gros con qu'un couple se plante devant moi. Ne cherchant pas le conflit malgré une condition physique hors du commun, j'entreprends de les éviter. Pas eux… Ils ressemblent vaguement aux frères Bogdanoff, surtout la fille. Je remarque très vite à son regard qu'elle est du genre à prendre un centre de rétention pour un club de fitness. Lui n'est pas plus lumineux. J'en veux pour preuve ce petit air désinvolte qu'il a eu lorsque j'ai eu le toupet de lui demander le paquet de cigarettes qu'il venait de me taxer. Les choses se sont un peu corsées à ce moment là.

Croyant à une blague, je saute au cou de la fille pour lui enlever son masque, lui rendre la lumière ! Pas de chance pour moi, ce n'était pas un masque. La connasse s'énerve et dans un geste incroyable, me bouffe le nez. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà fait mordre le pif mais ça fait horriblement mal ! Pendant ce temps-là, le gaillard me présente un couteau froid sur mon cou. Il faut bien se rendre à l'évidence, je me suis planté. Ce n'est donc pas une plaisanterie, je choisis courageusement de fermer ma gueule.

J'ai pour ordre de les suivre, je me retrouve donc sur le trottoir, entre les deux psychopathes, marchant au pas parmi le convoi de travailleurs rentrant chez eux. Arrivant à proximité d'un très joli distributeur de billets, je ralentis le pas mais à ma grande surprise, Tic et Tac me font comprendre qu'ils s'en branlent royalement. Pendant quelques secondes, je suis rassuré mais très vite, je me pose des questions car je vous le dis pour la seconde et dernière fois, je suis lucide !

Je ne refuse pas forcément d'être otage mais j'aimerais bien savoir pourquoi ! Très vite, j'écarte l'idée que je puisse servir de monnaie d'échange avec je ne sais quel extraterrestre aviné. Et après une réflexion rapide et efficace, il me semble évident que ces deux cons sont de la police. Quelque chose de sûrement important politiquement à dû se passer dans notre pays et comme je suis assez distrait en ce moment, je n'ai pas dû m'en apercevoir. A tous les coups, dorénavant, au-dessus de dix amendes pour défaut de parcmètre, on envoie à tes basques, deux bons flicards ! Bordel de merde, ça s'est considérablement durci. J'allais sans doute très vite atterrir dans le fond d'une bagnole, direction la campagne et au détour d'un chemin de terre, la torture. Les deux genoux brisés, je regarde la voiture se barrer. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de marcher avec les genoux brisés mais ça fait horriblement mal !

Je tente de retrouver mes esprits, je suis en sueur, tout est flou autour de moi. N'écoutant surtout pas mon courage, je tente dans un geste désespéré, l'évasion par la feinte. Gauche, droite, droite, gauche, une ouverture, je fonce !
Au bout de deux mètres d'une poursuite acharnée, je tombe. Dans ma fuite, je n'ai pas vu un abri bus qui traînait là. Le couple d'imbéciles me relève, j'ai la gueule en miettes, l’œil gauche complètement explosé. Je sens le goût du sang qui coule dans ma bouche. Cela ne se marie pas si mal avec les petits bouts de dents qui traînent au fond de ma gorge. La fin est toute proche, je vais mourir.

“T'es vraiment trop con, on est arrivé.” Je ne suis pas un prix Nobel mais se faire traiter de con par un blaireau, ça ne fait jamais plaisir. Nous entrons tous les trois dans un bâtiment austère d'architecture moscovite des années 70. Nous grimpons les escaliers d'une manière certes, lente mais assez esthétique. Arrivés au septième étage, mon côté sportif a fait la différence ! Je suis nettement moins essoufflé que les deux barbouzes. La sœur Bogdanoff ouvre une porte pendant que le cerveau me pousse brutalement à l'intérieur.

Dans la pénombre, je devine une salle pleine face à moi. Sur scène, dans la lumière, un petit homme énervé est comme coupé dans son élan. Il me fixe et me montre du doigt une place que je devine libre, tout à droite au premier rang. J'arrive péniblement à atteindre le fauteuil qui s'avère être très confortable. Je suis complètement sonné. On frôle le K.O et je n'ai pas d'éponge. Le petit bonhomme parle vite et fort. Des mots arrivent jusqu'à mon cerveau abîmé. Révolution, liberté, Lemmy Kilmister, pop synthétique, paradis, 19 euro à la Fnac…
J'ouvre brusquement les yeux, je devine le visage souriant de mon ami le gros con.
Nom de Dieu !

L.B

| publié le 04 May 2012 | pemalien



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Dans le doute, j'agis !
Il y a quelques semaines, alors que je me rendais chez mon charlatan pour une séance de relaxation par les armes, une fumée au loin me titille soudainement les globes oculaires. J'accélère mais pas trop et j'aperçois, sur ma...

Dans le doute, j'agis !

Il y a quelques semaines, alors que je me rendais chez mon charlatan pour une séance de relaxation par les armes, une fumée au loin me titille soudainement les globes oculaires. J'accélère mais pas trop et j'aperçois, sur ma droite, un amas de meubles en train de brûler dans un champ. Autour, une petite bande d'énergumènes semble glandouiller, tranquillement. “Ah les blaireaux” me dis-je rapidement tout en freinant brutalement pour me garer. Je sors l'extincteur qui ne quitte jamais mon bolide et me précipite vers eux. Notez au passage, que j'ai également dans ma voiture, six éthylotests, deux défibrillateurs, des poches de sang, un brancard, une carabine et un bidon de détergent, je ne rigole pas avec la sécurité ! Une fois arrivé devant l'incendie, j'arrose copieusement le feu qui menace sérieusement une ferme en ruine situé à moins de 200 mètres de là. J'ai à peine le temps de vider un quart de mon engin rouge qu'un grand mec m'ordonne d'arrêter et me le subtilise astucieusement mais avec fermeté.

Il tente de m'expliquer en me tendant une canette de Koenigsberg qu'ils ne font rien de mal. Ils se réchauffent autour d'un feu en discutant paisiblement et en chantant au rythme de la guitare. Il s'appelle Paulo, il a une tête qui ferait fuir un renard au milieu d'un poulailler bondé. Il me demande de me détendre et veut me jouer un petit morceau. Je suis à deux doigts de lui supplier de ne pas faire ça mais je suis poli, je fais donc semblant de ne pas avoir entendu. Hélas, il se met à chanter en grattant son bout de bois désaccordé. Musicalement, c'est minimal. Les paroles aussi. “Y'a d'la misère sur ma planète, ça m'inquiète, ça m'inquiète. Y'a d'la tristesse sur ma terre, ça m'atterre, ça m'atterre”. En tout cas, ça plaît à la fille à côté de moi.

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Elle a les yeux fermés et dodeline doucement de la tête. Sur ses épaules, trottine un rat qui chie à intervalles réguliers dans son cou. Je lui signale au cas où elle ne se soit pas rendue compte de la chose qui gambade sur sa nuque. “C'est Sid” me lance t-elle effrontément avant de déblatérer tout un tas de conneries sur cet animal qui pue la mort. Elle n'a pourtant peut-être pas entièrement tort. Tant qu'à avoir son animal domestique sur les épaules, autant que ce soit un rat plutôt qu'un doberman.

Je refuse poliment mais fermement une bouteille en plastique que me tend le frère jumeau de Shane MacGowan. On m'explique qu'il s'appelle Peutry. Un surnom que ses amis lui ont donné car, parait-il, il est resté bloqué après avoir bouffé des tripes si j'ai tout bien saisi.

Là, il ne faut pas me prendre pour un con. Qui sont ces gens qui racontent n'importe quoi ? Manger des tripes ferait perdre la boule et les dents ? De qui se moque-t-on ? Encore un putain de groupuscule obscur et extrême anti-bidoche, c'est sûr ! Si j'avais le courage, je leur enfoncerai des merguez premier prix dans le gosier jusqu'à ce que mort s'en suive. J'ai un peu peur, je suis au beau milieu d'une dangereuse secte d'illuminés, la seule chose qui m'importe, c'est fuir ! Doucement, je me lève, je bafouille que je suis pressé et je me casse en reculant de peur que ces maniaques me balancent un sort ou un truc qui blesse mon dos déjà fragile.

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Arrivé au volant de mon dragster, je respire et je réfléchis. Je ne peux pas ne pas agir. N'écoutant que mon courage, j'avale deux tranches de jambon et j'ouvre le coffre. Je prend mon bidon de détergent et la carabine.
Je me rapproche discrètement du trio et je tire un coup de feu en l'air. Ils se retournent, surpris de me voir là. Je lance vers eux le bidon tout en les menaçant de ma carabine en bois brut. Je leur ordonne de s'asperger avec le contenu pour les purifier, j'ai vu ça dans un film d'horreur avec Bourvil un jour. Pas un ne bouge ! Aucune réaction ! Nom de Dieu !

Paulo est ma première victime, une balle en pleine tête. Il s'écroule aussitôt en criant “j'arrive Brassens !” Le rat a sauté des épaules de la psychopathe. De peur qu'il se jette sur moi, je le flingue. Sept balles suffisent et je le finis à coups de crosse. Ça a le don d'agacer un peu sa maîtresse, elle se met à hurler et me saute dessus. J'ai heureusement le bon réflexe. Je la repousse violemment, elle tombe dans le feu. Ses yeux me regardent pendant qu'elle meure doucement mais sûrement. “Encore des cauchemars en perspective” me dis-je avant de vouloir mettre fin aux souffrances de Peutry. Mais ce con s'en est chargé lui-même. Il a avalé entièrement le bidon de cinq litres de détergent.

Sur le chemin qui me mène à ma séance de relaxation hebdomadaire, je me demande si ces couillons n'avaient pas raison. A votre place, j'arrêterai dès aujourd'hui de bouffer des tripes, ça peut être dangereux.

L.B

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| publié le 12 March 2012 | pemalien



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MLDM.
Voilà, après une nuit sans dormir, c'est avec une certaine satisfaction que je peux officiellement (ou pas loin) vous annoncer une bien bonne nouvelle. Les élections, le chômage, la merdouille quotidienne, et bien tout ça, c'est quasiment...

MLDM.

Voilà, après une nuit sans dormir, c'est avec une certaine satisfaction que je peux officiellement (ou pas loin) vous annoncer une bien bonne nouvelle. Les élections, le chômage, la merdouille quotidienne, et bien tout ça, c'est quasiment terminé. Je crois que j'ai trouvé la solution. Mais attention ! Je vous vois venir, criant de joie en allant remplir des chariots d'alcools forts pour fêter ça dignement, laissez-moi vous dire qu'il va falloir raison garder pour le moment. Ce que je vais vous confier va sans doute nécessiter l'organisation d'un crime. Cela impose donc de rester discret. Étant donné le peu de lecteurs qui se perdent par ici, je suis sûr qu'ensemble, nous y arriverons !

Il est évident qu'un espion travaillant pour je ne sais quel pays un peu malin est en train de mettre un sacré bordel par chez nous. Alors quel pays ? Je n'en sais fichtrement rien et ce n'est pas le problème le plus urgent. Personnellement, j'ai parié sur l'Uruguay mais plus pour la beauté des paysages…

Comment ai-je trouvé le nom du responsable, du manipulateur dirigeant nos dirigeants vers un chaos certain ? Je vais vous faire grâce de tous les calculs et autres équations complexes, ce n'est pas très intéressant et vous n'y comprendriez rien du tout, il faut quand même être qualifié pour ça. Sachez juste qu'il s'agit d'un calcul savant.

Bref, il m'a fallu trouver celui qui tire les ficelles du pantin. Capable d'exciter Guéant et Buisson en leur imitant l'africain tout en séduisant Carla dans un numéro de crooner bon marché. L'agent secret éblouissant notre président en lui causant philosophie, le tout en faisant preuve d'un catholicisme appliqué. Vous en connaissez beaucoup, vous ?

Que les choses soient donc claires entre nous. J'ai fait la moitié du travail alors faites comme vous voulez, j'en ai rien à foutre mais démerdez-vous. Je ne veux pas de problème avec la maréchaussée. Pour les plus courageux d'entre vous mais qui ne sont pas certains de ce que j'avance, je précise que cet homme est né à Cologne. Alors le rapprochement sarkozien avec l'Allemagne, un hasard ? Non, je ne crois pas !

C'est écrit, Michel Leeb doit mourir.

L.B

| publié le 12 March 2012 | pemalien



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Moi c'est le cinéma (5).
Chers camarades de la toile, quel bonheur de vous savoir tous les jours un peu plus vivants que la veille.
Le dimanche est le jour idéal pour contempler, à moitié comateux de vos excès d'hier et vautré dans votre canapé...

Moi c'est le cinéma (5).
 
Chers camarades de la toile, quel bonheur de vous savoir tous les jours un peu plus vivants que la veille.
Le dimanche est le jour idéal pour contempler, à moitié comateux de vos excès d'hier et vautré dans votre canapé dégueulasse, un bon film. Je suis donc particulièrement heureux de vous guider dans cette lourde tâche qu'est la sélection d'un chef-d’œuvre. Un peu comme l'ami ricoré ou l'efferalgan effervescent, je m'occupe de tout. Laissez-vous porter, détendez-vous mais ne fermez pas les yeux, ne soyez pas plus cons que vous ne l'êtes, ça ne sert à rien. Vous n'avez rien à craindre. Point de comédie dramatique chiante d'un réalisateur pète-couilles essayant de faire passer un message politique pour des bobos tirant la langue et s'agenouillant devant n'importe quelle merde, du moment que celle-ci soit filmée de façon originale. Comprenez caméra au poing, caméra sur la tête, sur la commode, sur ma grand-mère voire sur la commode de ma grand-mère ! Non, pas ce genre de saloperie, je vous rappelle que nous sommes dimanche, jour de la légèreté et du seigneurpardonnezleurilsnesaventpascequ'ilsfont !

Souvenez-vous, 1982, une année pleine de vices. Dans notre pays, la majorité sexuelle passe à 15 ans sous la pression de Jean-Luc Lahaye, Henri Krazucki s'envole dans l'espace et Jean-Jacques Goldman essaie de faire croire que sa musique est bonne. Ce dernier ne sera jamais condamné pour ça, une véritable honte au pays des droits de l'homme. Plus loin de nous, Yasser Arafat rend visite à Jean-Paul II et l'explose lors d'une partie d'échecs mémorable qui durera plus de quarante cinq heures et sept minutes ! Léonid Brejnev, spectateur attentif comme à chaque déplacement de Yasser, y laissera sa peau. Un coup dur pour le communisme, un de plus  !

Mais, 1982, c'est surtout un film ! Une œuvre majeure de l'histoire du cinéma. Une rue tranquille dans un quartier paisible. Nous sommes à Los Angeles aux États-Unis d'Amérique. Soudainement, le réalisateur Spielberg nous emmène au cœur d'une traque. Une véritable chasse à l'homme dans laquelle, si vous êtes observateur, on aperçoit Robert Hossein, grimé en militaire, pourchassant ce qu'il croit être un bandit un peu dangereux. Car c'est là le génie du Steven, qui ne réalisera par la suite que des daubes infâmes, avoir attendu le dernier moment de cette poursuite pour dévoiler qu'il s'agissait en fait d'un extraterrestre ! Oui, un extraterrestre ! Il fallait y penser. Frissons garantis quand on voit la bête pour la première fois. Impossible de reconnaître Brigitte Bardot au premier coup d’œil. Ce n'est que lorsqu'elle se met à parler, recueillie par le petit Elliot que nous en avons la certitude. BB est E.T et inversement !

Un film révolutionnaire et familial avec des effets à couper le souffle d'un asthmatique. Quand Brigitte et Elliot, le premier rôle de Lambert Wilson, s'envolent, on se met à rêver d'Icare et si la drogue est suffisamment puissante, on peut même prétendre à la lévitation durant quelques trop courtes secondes. E.T frôle l'excellence, outre le petit Elliot, Gertie et Michael, sa sœur et son frère respectivement joués par Arnold et Willy sont d'une justesse rare dans le milieu du septième art. Quand on sait que la plupart des scènes sont improvisées, ça laisse songeur et doit donner bien des maux de têtes au gros Depardieu, depuis longtemps incapable d'improviser autre chose que l'obèse transpirant et rotant en riant. Ce qu'il fait très bien mais ce n'est pas le sujet. Même pour le rôle du chien, Spielberg n'aurait pas voulu de notre Gégé national. Tant mieux pour Alain Delon, qui relancera sa carrière avec ce personnage apeuré et aboyant comme un con sur une Bardot criante de vérité dans son rôle de déchet du futur..

Un petit bémol cependant pour ne pas dire plus. La prestation honteuse de Romy Schneider dans le rôle de la maman Mary. Ce qui fera dire à Bardot dans un entretien à Minute : “Quand je la regarde, j'ai mal à l'Allemagne”.
Sur ces mots, je vous souhaite de passer un agréable moment avec ces acteurs presque tous fabuleux dans ce monument du cinéma. Et n'oubliez pas, comme aime à le rappeler régulièrement Johnny Hallyday, le cinéma, c'est pas vraiment pour de vrai.

A très vite !

L.B

| publié le 12 March 2012 | pemalien



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Le mal aimé.
J'ose espérer que vous êtes au courant mais dans quelques jours, nous célébrerons officiellement les 34 ans de la mort d'un génie de la musique. Claude François, en effet, nous a quitté comme un crétin le 11 mars 1978. Je me suis donc...

Le mal aimé.

J'ose espérer que vous êtes au courant mais dans quelques jours, nous célébrerons officiellement les 34 ans de la mort d'un génie de la musique. Claude François, en effet, nous a quitté comme un crétin le 11 mars 1978. Je me suis donc rendu ce week-end à Dannemois où est organisé, comme chaque année, un pèlerinage en l'honneur du petit blondinet chaud du cul.
 
Des centaines de familles, des milliers de personnes, la ville est bouclée ! Des CRS surveillent les aller et venues, c'est l'effervescence ! Le bar du village est pris d'assaut, des personnes à mobilité réduite dansent devant l'hôtel de ville au son d'Alexandrie Alexandra, il traîne dans l'air comme un parfum d'anarchie…
Au détour d'une rue, une femme s'avance vers moi et me demande si je cherche quelque chose. Mon premier réflexe est de penser qu'il s'agit d'un dealer déguisé, je réponds poliment un “non merci j'ai ce qu'il faut”, mais elle insiste ! Elle s'appelle Nicole et c’est la représentante du fan club de Cloclo dans le Jura. Son rêve, quand elle avait 20 ans, était de devenir claudette, ces nanas qui se dandinaient le cul sur des chorégraphies improbables. Elle a les larmes aux yeux, me saute au cou en m'expliquant qu'elle aimerait beaucoup me montrer ses beaux restes. Je l'emmène dans une impasse étroite et lui brise doucement la nuque. Je note, au passage, que le bruit du cou qui craque ressemble étrangement à celui de l'escargot qu'on écrase le soir après une averse. Poésie, quand tu nous tiens !
 
Je poursuis nerveusement ma visite du village. Toutes les maisons sont décorées pour rendre hommage au Mozart du canton. Des vendeurs à la sauvette me proposent des badges, des t-shirts, des disques d'Alain Chamfort et même des vierges à l'effigie du petit nerveux. Je parle ici de véritables vierges, pas les mignonnettes d'eau bénite qu'on essaie de nous refourguer sous le manteau à Lourdes ! Évidemment je refuse. De toutes façon, ce n'est pas dans mes moyens mais ce n'est pas le sujet. Devant l'église du village, la chorale de la maison de retraite est en train de se défoncer sur une reprise merveilleuse du téléphone qui chiale. Lucienne, 78 ans joue le rôle de la petite fille. “C'est poignant” me glisse le maire qui s'est installé à mes côtés. Lucienne Poignant, il a couché avec elle en 1962. Il a des trémolos dans la voix et m'explique qu'à cette époque, elle n'était pas encore connue. J'ai beau chercher, je ne la connais pas mais j'évite de lui poser la question, histoire qu'il ne me chiale pas sur l'épaule pendant un quart d'heure. Je me contente de lui balancer un bon direct au foie pour éloigner sa tristesse nostalgique, un conseil de ma grand-mère qui n'a jamais été claudette.
 
Au centre de la place du village, les élèves de l'école publique font un beau canon sur le morceau du marteau, les parents filment, prennent des photos. L'instituteur est au synthétiseur et demande sans cesse au petit Kevin de fermer sa gueule. Effectivement, le gosse n'est pas dans le ton, j'ai même l'impression qu'il chante du Sacha Distel. Tous les enfants sont habillés en collants. Le chorégraphe m'explique que ça donne un côté Maurice Béjart. Je me rends compte très vite que ce n'est pas son vrai métier. Victor est garagiste dans le civil mais sa passion, c'est la danse me dit-il, et le Claude bien sûr ! Je lui parle de mon problème de filtre à air sur ma bagnole. Son garage est à deux pas, il veut bien jeter un oeil mais uniquement si on y va en pas chassés. J'accepte et quelques minutes plus tard, il est en train de regarder ce qui ne va pas dans ma voiture. Alors qu'il relève la tête, je lui colle un coup de cric entre les deux yeux. Il ne s'en remet pas mais j'avoue qu'il tombe avec grâce. C'est tout à son honneur.
 
Tout le monde est maintenant devant la sépulture du chanteur embaumé. Des milliers de gens se prosternent, se tapent la tête à même le sol au son de “Belles, Belles, Belles”. Certains, plus virulents, déchirent leurs factures d'électricité. Il faudra l'intervention d'un surveillant de collège à la retraite pour que le calme revienne. C'est la fin de cette belle journée, les cars arrivent, c'est le grand départ. On s'embrasse, on se serre dans les bras. Tout cet amour qui déborde, c'en est presque indécent. Je repense brièvement à Nicole et je m'éclipse retrouver mon bolide. Je rentre le cœur léger, aussi léger qu'était le petit Claude. Je fredonne en pleurant, comme d'habitude. C'est plus fort que moi, fredonner me fait systématiquement chialer.
 
Le 25 avril prochain, cela fera exactement 37 ans que Mike Brant nous a quitté. Mes nouveaux amis et moi-même comptons sur votre présence chaleureuse et amicale.
A bientôt.

L.B

| publié le 08 March 2012 | pemalien



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